VAISON-LA-ROMAINE : ACCORDS PARFAITS À LA BRASSERIE LES DYADES
- Nathalie Vergier
- 11 juin
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 juil.

LIEU : VAISON-LA-ROMAINE
DATE DE CRÉATION : 2023
BRASSEUR(S) : MANON COUPRY & MAXIME SUPRIN
Les Dyades : l'accord parfait
Si ce n’est pas jour de production, il n’est pas impossible que les notes d’un piano droit vous accueille aux Dyades. Musicien à ses heures perdues, et elles ne sont pas nombreuses, Maxime Suprin travaille ses gammes dans l’espace dégustation de sa brasserie avant de passer à la gamme des Dyades, boissons avec bulles qu’il fabrique avec sa compagne Manon Coupry dans ces anciennes halles, autrefois coopérative agricole, situées à quelques encablures de la place Montfort. «C’est une chance d’avoir pu trouver ce local en plein coeur de Vaison» explique Maxime.
Vaisonnais d’adoption, les brasseurs se rencontrent sur les bancs de l’Ensat (Ecole nationale supérieure d’agronomie de Toulouse). C’est aussi là que germe l’idée de créer ensemble, un jour, une micro-brasserie. Diplômés en 2017, après divers stages et expériences dans le vin pour Manon, la bière (et le pop-corn!) pour Maxime, le couple choisit le Vaucluse en 2020, à mi-chemin de leurs jobs respectifs, Manon à Orange comme ingénieur conseil en oenologie et viticulture chez Dubernet-Rhône et Maxime à Nyons comme responsable production pour La Grihette, Brasserie artisanale du sud. Mais l’idée de monter leur propre affaire est toujours là.
2022, grande année
« On faisait beaucoup d’heures. Alors à travailler autant, on s’est dit pourquoi ne pas s’impliquer dans quelque chose qui nous plaît et nous ressemble.»
En 2022, ils quittent leurs postes, ils mettent en route leur micro-brasserie, accompagnés par l’antenne locale du Réseau Initiative France… et leur premier enfant, Robin, qui voit le jour la même année. Business plan, recherche des fournisseurs machines et matières premières, élaboration des recettes, financement, prêt d’honneur… Ils signent leur premier devis fin 2022, leur bail dans la foulée et ouvrent en juin 2023.
Circuit court
« Au démarrage, on a proposé trois bières, la blonde de soif, l’IPA et la blanche au petit épeautre, céréale locale pour imprimer nos valeurs autour du circuit court. »
Depuis 2024, la brasserie bénéficie ainsi de la certification « Origine France Garantie » pour l’ensemble des ingrédients qui rentrent dans la composition des boissons. « Tout est français chez nous et le plus possible local. Les citrons de nos limonades viennent d’un producteur des Bouches du Rhône ; le petit épeautre est IGP (indication géographique protégée) Haute Provence ; nos malts viennent de la Drôme pour l’orge, de Savoie pour le seigle et l’avoine. Certains sont bio mais Les Dyades veillent surtout sur l’impact carbone. Le matériel de brassage est européen sinon français.
Long terme
Le bâtiment de 400 m2 permet de faire cohabiter, sans que ça gêne, la salle de brassage et les espaces d’embouteillage et de stockage avec ceux dédiés à la vente et à la dégustation. Mais ce n’est pas le seul avantage, les chambres froides, la dalle de béton, vestige de la coopérative agricole, la hauteur du bâtiment, le parking privé permettent à Maxime et Manon de voir loin et grand. « Si un jour, on veut mettre des cuves plus grandes, on ne sera pas obligés de déménager. En 2024, on a fait un peu plus de 200 hectolitres. L’objectif cette année est de faire le double et on sait qu’en optimisant le matériel de brassage, on peut aller jusqu’à 850 hl» planifie Maxime investi davantage dans la production tandis que Manon absorbe une bonne part de l’administratif.
Accords met-bière
Et pendant que les barboteurs s’agitent, les brasseurs cogitent à de nouveaux débouchés.
« Des idées on en a plein mais on garde la tête froide. On connaît notre coeur de cible et on sait que l’on ne peut pas se permettre des choses hyper typées même si on adorerait. On démarre et c’est d’autant plus compliqué. »
En seulement un an, Les Dyades ont su s’imposer chez les commerçants vaisonnais et nouer des dyades avec la fromagerie Canesteou pour des accords bière-fromage et le restaurant Jacotte qui a proposé une daube cuisinée avec la Saturn’ale, bière ambrée à la figue. « Une bière artisanale faite à Vaison, c’est vendeur oui mais d’abord à Vaison. Ce que l’on cherche avant tout c’est de pouvoir en vivre dignement » confie Manon. C’est tout ce qu’on souhaite aux Dyades qui annoncent pour l’été, le lancement d’une 75 cl, en priorité la blonde de soif et la limonade.

Le côté pétillant de la force !
«Les Dyades» : un très joli nom de brasserie qui demande quelques explications. Quand Manon Coupry et Maxime Suprin ont cherché et cherché encore pour leur brasserie vaisonnaise un nom qui ferait sens avec la romanité et le pétillant de toutes leurs boissons, ce n’est pas dans la mythologie qu’ils l’ont trouvé mais au détour du 9e épisode de « Starwars », autre passion de Maxime. A la toute fin de la saga cultissime de George Lucas, le terme « dyade » prononcé par le démoniaque Sheev Palpatine a fait tilt dans son oreille.
« La sonorité du mot m’a fait penser à « L’Iliade » et « L’Odyssée » donc on avait la référence gréco-romaine et le sens «interaction entre deux éléments» collait parfaitement avec notre projet, interactions entre nous deux, entre nos produits et le territoire».
Bingo ! « L’Odyssée des Bulles » était née, il n’y avait plus pour nos deux chevaliers Jedi qu’à écrire l’histoire.

L’Odyssée des bulles
Manon et Maxime parlent plus volontiers de fabrique de boissons pétillantes dont le nom complet « Les Dyades, L’Odyssée des bulles » laisse le champ libre à d’autres aventures effervescentes comme cette limonade au vrai de jus de citrons de Provence qui a fait son entrée rapidement dans la gamme. Les bières tiennent quand même le devant de la scène. Elle ne subissent pas de refermentation en bouteille grâce aux cuves isobares et sont particulièrement stables. Et comme on est à Vaison-la-Romaine et nulle part ailleurs, toutes portent le nom d’une personnalité de l’Antiquité. La Minerve, la bière de soif, la Nymphe la bière blanche au petit épeautre, l’Aquilon la Belgian IPA houblonnée au Mistral côtoient la Saturn’ale bière ambrée à la figue et la Vasio une autre bière blanche aux cinq céréales. Si vous souhaitez en savoir plus, allez donc faire un tour sur le site des Dyades riche en anecdotes sur l’histoire vaisonnaise.
La gamme La Vaisonnaise
En recherche de nouveaux débouchés, Les Dyades ont lancé une marque « La Vaisonnaise » pour être présent dans les grandes et moyennes surfaces. « On n’a pas simplement changé l’étiquette car il n’était pas question de vendre la même bière moins chère qu’en vente directe. On a retravaillé les recettes avec moins de malt, moins de degré, des capsules et des cartons neutres. Du coup des bières moins chères mais toujours certifiées Origine France Garantie. On reste cohérent et on fait rayonner Vaison en dehors de Vaison. »
Quand raisin et houblon font bon ménage
Focus sur une autre référence originale et emblématique des parcours respectifs de Manon l’oenologue et Maxime le brasseur, la Bacchus déclinée en rosé et en blanc. L’appellation réglemenaire « boisson houblonnée aromatisée à base de vin » stipulée, rentrons dans le vif de la recette. « On a fait infuser du houblon à cru lors de l’étape de fermentation sur du moût de vin au lieu du moût de bière. Tout le processus de vinification s’est déroulé à la brasserie avec du raisin récolté à Vaison et pressée à Entrechaux ». Au préalable, les brasseurs avaient fait plusieurs essais de houblons et de cépages. « Pour le Bacchus blanc, on a choisi la Clairette avec ses notes de poire et le houblon Mistral dont les notes d’agrumes complètent l’aromatique. Pour le Bacchus rosé, c’est du Cinsault associé au houblon Barbe Rouge. On est plus sur une synergie de fruits rouges. Les deux sont secs, font 10° d’alcool et sont naturellement pétillants comme ce qui se fait dans le Diois.»
Le goût de la bière à Avignon en 2017
En 2017, dernière année d’études pour Manon et Maxime, leur école, l’Ensat Toulouse, faisait leur entrée au concours Ecotrophelia d’Avignon (premier concours français étudiant de l’innovation alimentaire en partenariat avec la CCI de Vaucluse et l’Association nationale des industries alimentaires) avec un projet de bière de bière blonde naturellement sans sucres, ni édulcorant, ni arôme ajouté. Une toute première dyade entre les Toulousains et la Provence qui leur a donné le goût d’entreprendre un jour dans les boissons fermentées.
Contact & infos : https://lesdyades-vaison.fr/